Aussi drôle que fragile, Valérie Vinci fait son cabaret.
Présenté au Lavoir Moderne Parisien, Mon cabaret à toi est un moment théâtral et musical à la fois foutraque et absolument délicieux défendu passionnément par son et interprète Valérie Vinci. Amusante et délicate, la comédienne joue et chante l’impossible solitude des êtres dans une revue pleine de drôlerie et chargée en émotion.
La silhouette fine, le regard malicieux, un naturel enjoué qui séduit, quelque chose d’enfantin, une subtile sensibilité, un engagement entier, l’actrice qui déploie des trésors de talents dans des textes de grands poètes dramatiques et sous la direction de metteurs en scène tels Jean-Luc Lagarce, Serge Valetti, Joël Pommerat ou encore Valère Novarina, s’aventure cette fois seul en scène dans un spectacle très personnel qu’elle a rêvé, écrit et créé dans le cadre d’une résidence au Théâtre Éphéméride à Val de Reuil, avec la complicité d’Irina Dalle à la collaboration artistique et à la confection de fabuleux costumes.
« Etre chansonnier c'est un bien fichu métier » dit la chanson de Gaston Ouvrard au programme de la soirée. Elle entre en scène l'air faussement gauche, trimbalant une clique d’accessoires improbables. Elle dispose son barda comme elle sème en vrac quelques paroles confuses, puis demande à refaire son entrée. Elle endosse une galerie de costumes d’une exubérante beauté et fait un clown, une môme catch-catch qui lui va si bien, une fraise ou une fleur, une dame du monde... tour à tour rieuse, fantasque, frondeuse, mélancolique, touchante, toujours irrésistible.
Avec un joli brin de voix, la gouaille et le cœur des chanteuses de rues ou de music-hall, elle chante les amours tristes liés à la solitude, la disparition, le temps qui passe, le temps qui reste et le besoin d’aimer, de vivre, d'être libre, a cappella ou s'accompagnant elle-même à l'accordéon suivant les arrangements musicaux de Peter Chase. A travers un choix de chansons d’autrefois, variées et souvent magnifiques, dont certaines sont toujours de grands succès tandis que d’autres sont tombées dans l’oubli, elle fait vivre différents personnages facétieux et déboussolés, des marginaux, des gens de rien, fleurs du bitume, gais et tristes et se dévoile, se livre intimement,
Son cabaret, Valérie Vinci le vit plus qu’elle ne le joue et elle l’offre avec générosité et sans tricherie comme un moment de bonheur simple et intimiste qu’on espère vite repris dans une salle parisienne ou en région.
Christophe Candoni