Mon cabaret à toi

de et avec Valérie Vinci

note d'intention


Note d’intention

J’ai imaginé et écrit ce spectacle dans l’obscurité pour aller vers la lumière.

J’y ai mis tout ce que j’aime
De la maladresse et du brio
Des bribes de music-hall
Un numéro de chien
Une chanson napolitaine
Un clown acrobate
Un duo à une voix
Des textes presque impossibles à dire
Une fleur
Un accordéon blanc
Une énorme fraise qui ne trouve pas l’intérieur de l’extérieur
Des phrases inachevées
Des déclarations d’amour comme s’il en pleuvait...

J’ai voulu, comme un funambule dans son habit de lumière,
traverser le temps sans compter,
agir malgré la peur,
croire malgré le doute,
aimer malgré le manque.

Valérie Vinci


extrait


Miss Gariguette :

J’aime un clown
Ce clown c’est lui
Celui qui tombe et celui qui joue qu’il tombe
En rejouant avec sa vie sans l’épargner
Il découpe des ailes dans du papier journal
Ce clown c’est celui qui se mouche en trompetant
Qui trébuche et se console dans son mouchoir trop grand
Qui s’emporte à perte de vue
J’aime les mouvements de son palpitant en nous quittant
J’aime son visage qui dégouline après son dernier numéro
Parcequ’il sue le clown, hé oui mesdames et messieurs
Il sue et il a sué
Mais il s’en fiche
Il donne sans détour
Il donne sans compter
Et sans le savoir il donne une part indestructible
Un minéral un caillou un diamant
Il donne je vous dis
Donner c’est donner
Il donne jusqu'à se déposséder
Il donne tout
Et même ce qu’il n’a pas
J’aime celui-là même qui aggrave son cas
Plein de peur et de frayeur
En voyant s’inverser la figure de l’homme
Et il reste là
Il est content
On rit de lui
De ses ratés et dérapés répétés
Mais laisse glisser
Mais laisse pisser
Je l'aime parcequ’il court vers l’impossible
et se cogne au réel
J’aime celui qui pleure de l’eau de robinet
Qui offre des fleurs pour un oui pour un non
J’aime sa chute et ses relevailles
J’aime qu’il nous montre du doigt l’infiniment grand et l’infiniment petit
J’aime sa solitude du naufrage d’où s’échappe un sourire
Qui n’a pas de prix
Pas négociable celui-là
J’aime son élégance sa pauvreté sa beauté
Ses mains qui font changer le cours des choses
J’aime ce funambule au gros pif
J’aime la marguerite à sa boutonnière
J’aime son costume immortel
J’aime qu’on l’aime
Oh comme je l’aime